Parmis tous ces rêves,pourrais-je te trouver ? [PV Cherry]

Comme les jours paraissaient longs et tristes à Cherry depuis cette fameuse convocation de Monsieur O. Malgré tout le mal qu’elle se donnait pour ne plus y penser, la brune trouvait ça bien difficile. Dès qu’elle refermait les yeux, elle revoyait Mattews. Mattews la main en sang. Mattews qui lui disait qu’il l’aimait. Mattews fou de rage. D’un côté, elle n’arrivait pas bien à faire la part des choses. Ça lui paraissait tellement irréaliste qu’il lui arriver de penser qu’elle avait eut une banale hallucination. Rien d’alarmant. Du moins, elle pensait.

Cherry avait été dotée dès la naissance d’une volonté à toute épreuve. Mais elle devait bien avouer que sur ce coup, son ambition était plutôt discrète. A vrai dire, elle était totalement perdue. Elle ne savait pas ce qui se passait réellement, ce qu’elle devait faire ou non, elle se sentit tout de suite transportée à l’époque du collège où elle avait besoin d’un modèle, de quelqu’un pour lui montrer quoi faire afin qu’elle y parvienne. Elle détestait ce sentiment affreux. Se sentir dépendant de quelqu’un, et en plus de ça, ne pas avoir ce quelqu’un.

Pourquoi Ava n’était pas là ? Elle aurait trouvé mot pour mot la bonne chose à dire. Cherry ne pouvait pas garantir qu’elle irait bien à 100% mais elle se sentirait un milliard de fois moins seule qu’à cet instant. Elle n’arrivait plus à se comprendre elle-même, en plus de ça. Voulait-elle voir Mattews, ou au contraire, souhaitait-elle l’éviter ? Alors qu’elle traversait les couloirs tout en y pensant, elle aperçut une silhouette au loin.

Elle reconnut immédiatement Mattews, et son réflexe fut clairement stupide et irréfléchi, mais elle se cacha derrière une statue qui était là pour l’observer en douce. Il n’avait pas l’air aussi joyeux et vif qu’il l’était en temps normaux, ce qui intrigua l’écrivain immédiatement. Le jeune homme entra dans une salle. Cherry ne savait pas quel était cet endroit. Elle ne se serait d’ailleurs même pas posé la question si la porte ne s’était pas refermée, et que Mattews n’était pas rentré à l’intérieur. L’idée lui vint alors immédiatement à l’esprit : Il fallait qu’elle le rejoigne.

A peine la porte se claqua-t-elle que Cherry sortit de sa cachette et que sa main se posa sur la poignée de la porte. Mais un doute prit possession d’elle. Que pourrait-elle dire à Mattews ? Comment devait-elle se comporter avec lui ? Devait-elle faire comme si de rien était ? Et si cette pièce était une salle de bain et qu’elle le trouvait tout nu ? *Du calme, Mattews et moi on se connait bien. Il ne me prendra pas pour une idiote* Cela dit, elle savait pertinemment qu’en croisant son regard, elle repenserait à la haine qu’il avait éprouvé lors de leur convocation.

D’ailleurs, il avait toutes les raisons de lui en vouloir. Elle avait vu le sang couler le long de sa main sans être capable de bouger pour apaiser sa douleur qui devait être assez aigue vue les circonstances de sa création. Elle devait tout de même rentrer, histoire de voir que ce n’était pas cette profonde entaille qu’elle avait laisser se creuser qui était responsable de son état déprimé. La brune respira un grand coup, puis elle ouvrit la porte en tentant du mieux qu’elle pouvait de prendre du recul.

Comme Cherry sortait de la cuisine, elle tenait une assiette de spaghetti que Mary, sa cousine adorée, l’avait forcée à prendre, malgré le fait qu’elle jurait ne pas avoir faim. Elle se baladait avec et se sentit ridicule, face à Mattews, avec de la nourriture entre les mains. Mais cela n’était qu’un infime détail. L’écrivain avait une centaine de raisons supplémentaires de s’inquiéter.

Son regard se posa en premier sur les yeux du garçon. Une fois de plus, elle se sentit se noyer dans son regard. Elle était prête à tomber par terre tant sa fascination envers ses iris indescriptibles était forte et crue. C’était comme la psyché d’un pays imaginaire où tout était beau et dont attirer l’attention était un cadeau d’une valeur inestimable. Elle mit un petit instant avant de reprendre ses esprits et referma la porte pour s’installer à côté de son ‘ami’ en souriant aussi stupidement que possible.

« Coucou ! » s’écria-t-elle Joyeusement.

Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle remarqua la particularité de la pièce. *Salle des objets*. Cherry en avait entendu parler, et elle l’avait tout de suite reconnue. Un frisson la parcourut. De tous les endroits effrayants de l’île, celui-ci était le pire de tous aux yeux de la brune. Un lieu où les objets étaient d’un nombre infini. Un lieu ou l’on pouvait devenir fou, en voulant le fouiller complètement pour retrouver ce qui nous avait amené ici. Elle était peu rassurée autant pour elle que pour Mattews qui semblait vraiment mal en point.

« Ca craint ici ! »

Elle avait dit ça pour dire quelque chose et non pas parce qu’elle le pensait ou quoi que ce soit. Cela dit, ce n’était pas un mensonge. Cherry se serait volontiers enfoncée sous terre pour éviter d’encore plus se ridiculiser, mais cela semblait être impossible. Alors pour oublier tout ça, elle prit une bouchée de spaghetti, et la bouche pleine, elle se tourna vers Mattews.

« Tchu veut des chpagetti ? »

Elle lui tendit l’assiette en mâchant aussi gracieusement qu’il lui était possible l’énorme portion de pates qu’elle s’était servie, se mettant un peu de sauce tomate autour de la bouche. Cherry détestait vraiment se sentir comme ça. Certes, elle avait beau dire qu’avec Mattews, tout était milles fois plus simple qu’avec David, mais toujours en était-il qu’elle était dans le flou total en ce moment. Même si elle souhaitait éclaircir la situation, elle priait pour que Mattews ne reparle pas de cette convocation qui l’avait profondément marquée. Et s’il s’énervait à nouveau ? Remplirait-il la mission que Mr. O lui avait confiée ?

Elle priait pour que ce soit le cas. Car s’il y avait une chose qu’elle ne pouvait pas lui avouer, c’était son adoration envers ce maître chanteur qu’il semblait détester plus que tout au monde, et à qui elle devait pourtant tout.

{Désolée de l’attente Moutmout de mon cœur. En plus c’est pas terrible T.T}

Mattews était toujours occupé à laisser glisser le petit bijour sans doute particulièrement précieux entre ses doigts.Il tenta alors de faire preuve d'imagination en imaginanant quel pouvait être le passé de la femme qui l'avait porté.Une pensée l'effleura alors,et si ce n'était pas une femme qui avait eu ce collier autour du cou ? Un travesti aurait bien pu l'adôlatrer.Il se pressa d'ôter cette pensée de sa tête,imaginant un homme-femme non épilé à la voix grave et la moustache,ce qui le dégoûta aussi profondément que cette songe était amusante.

Une femme.Jolie,menue,blonde aux yeux bleus.Il éspérait parvenir à la voir,mais il en fut incapable.La seul personne qu'il réussit à visualiser fut Cherry,ses traits parfaits,son cou si doux,cette preuve d'amour autour de son cou.Il aurait aimé lui offrir quelque chose d'aussi joli,mais pour l'instant,la relation qui s'était installée entre les jeunes gens était déplorable.Ils s'évitaient,partant chacun de leur côté,et ce,depuis le fameux rendez-vous qu'ils avaient eu,proposé par Mr.O.A dire vrai,Mattews ne voulait plus en parler.A chaque fois qu'il tentait de trouver une explication au pourquoi du comment,il se souvenait de la rage immense dont il avait fait preuve aux côtés de celle qu'il l'aimait.Et lors de ces moments-là,ils se détestait,se haïssait plus que tout et n'importe quoi.Sans doute plus encore que Monsieur O en personne.

Mais sa décision était encore présente,l'obsedant,le brûlant,le consumant.Il n'écouterait pas l'étranger.Il refuserait de lui obéir.L'ordre qu'il lui avait donné ne serait jamais,jamais exécuté.Une lueur de défi apparut alors dans ses yeux,créant une sorte d'étincelle puissante que personne n'aurait su lui ôter.Personne ne pouvait le dissuader d'obéir à l'inconnu comme un gentil petit chien docile et affectueux.Ni Mélissa,ni Nick,ni même Cherry.Son caractère ne changerait pas,sa soif d'indépendance encore moins.

Il s'efforça de chasser ses sombres pensées pour se concentrer à nouveau sur Cherry.Que se passeraient-ils s'ils se revoyaient ? S'éviteraient-ils ? Parleraient-ils de ce qu'il s'était passé auparavant ? La vérité était trop dure à admettre.Mattews avait sans doute blessé Cherry en lui montrant ce côté agressif dont il pouvait faire preuve lorsque quelque chose ne tournait pas rond.Et pourtant,à aucun moment il n'avait voulu lui faire de mal.

Comme si l'écrivain avait lu dans les pensées du jeune homme,elle fit irruption dans la pièce,comme par magie.Elle était là,plus haute que lui,magistralement,presque magiquement.Comme par reflexe,le footballeur cacha l'objet dans son dos,pour éviter qu'elle ne le voit.La situation était assez gênante,il était là,calé contre une étagère,avec un air de dépressif atteint d'une maladie incurable,alors qu'en réalité,il avait juste peur.Sans doute peur de sa propre personne.

Mais son amie sur le détendre,encore une fois.Elle tenait une énorme assiette de spaghettis dans ses mains,ce qui fit que Mattews leva un sourcil,surpris.Elle le salua,puis lui parla,la bouche pleine de pâtes.A cet instant,le jeune photographe explosa de rire.Ainsi,elle était tellement amusante qu'il ne put se retenir.

Il dut alors lâcher le collier qui tomba,provoquant un léger bruit une fois au sol.Il regarda l'assiette avec avidité,et se pencha vers celle-ci,sentant une nouvelle fois le parfum si agréable de son "amie".Puis,il s'empara d'une grosse énormissime giantesque part de spaghettis qu'il amena à sa bouche.

-Hmmm...Chest exchellent Cherry ! Merchi ! dit-il.

Il s'empressa de tout avaler,finissant avec un cercle énorme de sauce tomate autour de ses lèvres puis reprit la parole,s'adressant à Cherry.

-Tu vas bien ?

[C'est pas grave du tout Cherry .Et arrête de critiquer ton écriture,j'aime vraiment,vraiment beaucoup ce que tu écris,promis ♥]

Cherry connaissait très bien Mattews et n’était donc pas étonnée de le voir sourire spontanément, « comme s’il ne s’était rien passé ». C’était vexant d’un certain côté, et l’idée absurde qu’elle avait peut-être rêvé tout ce qui s’était produit lui traversa l’esprit. Mais c’était impossible, et elle le savait. Il lui fallait juste arrêter de se prendre la tête pour parvenir à oublier. C’était du moins ce que le garçon semblait attendre. Quoi que « attendre » était un terme peu adapté à la situation.

Ce ne fut que lorsqu’elle se retrouva assise à côté de lui que Cherry se rendit compte qu’il avait caché précipitamment quelque chose dans son dos. La brune brûlait de curiosité et souhaitait savoir quel était ce « secret ». En parlant de ça, les pensées de l’écrivain retombèrent sur le frère aîné du garçon. Ainsi donc, ce n’était pas son vrai frère ? Elle savait qu’il devait avoir besoin d’en parler, mais ce n’était ni le lieu, ni le moment.

Les mains de Mattews, croisées dans son dos, lâchèrent un objet qui fit un bruit sourd en s’écrasant sur le sol. Le garçon l’ignora, sans doute volontairement, mais la curiosité de Cherry ne put que redoubler. Elle voulut le pousser loin de l’étagère de force pour apercevoir cette chose mais elle savait pertinemment qu’il ne le cachait pas pour rien, et c’était plutôt pas mal. Elle avait voulu jouer la carte de la sincérité avec lui et lui avait tout avoué de but en blanc pour que leur relation soit pérenne, mais sa peur reprenait le dessus. La voyait-il différemment maintenant ? Avait-il peur d’elle ? Cela l’avait-il mis mal à l’aise ? C’était peut-être même la raison de son « trou de mémoire » soudain.

Mais l’esprit de Mattews et celui de Cherry semblaient être connectés et s’envoyer des messages télépathiques, car au moment où cette très désagréable pensée lui traversa l’esprit, il éclata d’un rire doux. Ce même rire qu’elle avait entendu tellement de fois et dont elle ne parvenait pas à se lasser. A l’instant même où elle l’entendit, Cherry comprit qu’il ne lui en voulait pas et qu’il n’était pas plus dégoûté de ce qu’elle lui avait dit l’autre fois que par les spaghetti qui s’étalaient contre sa bouche sans même qu’il ne s’en rende compte.

Tandis qu’elle restait fascinée par ce cercle de sauce tomate formé autour de ses lèvres tel une moustache, il lui demandait si elle allait bien.

« J’irais bien si tu me montre ce que tu cachais dans ton dos ! »

Elle lui fit un sourire malicieux en se demandant si elle n’était pas allée un peu trop loin. Après tout, n’avait-il pas le droit de conserver une part de mystère ? Maintenant qu’ils s’étaient tout révélés, ne voulait-il pas avoir un peu d’intimité ? Et peut-être même voudrait-il oublier ce qui s’était produit ?

Cherry se sentit légèrement mal à l’aise immédiatement. Aussi rapidement qu’il lui fut possible, elle sortit un mouchoir de sa poche en s’efforçant de ne pas perdre ce petit sourire qu’elle revêtait tant de fois et dont « elle seule connaissait le secret qui creusaient ces petites fossettes », comme lui disait souvent sa grand-mère. Elle essuya délicatement le contour des lèvres de Mattews en se retenant de toutes ses forces de ne pas y presser les siennes, comme la dernière fois.

« Mais où est-ce que tu as appris à manger ?! Ta future femme va souffrir si elle doit te mettre un bavoir et t’essuyer la bouche à chaque fin de repas ! »

Cette réplique cachait un « Si tu veux rien me dire, ne me dis rien. Je t’aime quand même. » Et même si ce n’était pas explicite, Cherry savait que Mattews comprenait ce qu’elle entendait par là.

{Pardoooon du retarrrrd ♥}

Mattews était certain d'une chose : s'il avait eu un miroir en face de lui à cet instant précis,il se serait sans doute moqué avec toute l'ironie du monde.Il semblait savoir qu'il ne ressemblait plus à quelque chose d'humain et que son état physique devait fortement s'approcher de l'ovni.Mais fort heureusement pour lui,il n'avait pas de glace ou il aurait pu entrevoir son reflet et admirer la catastrophe.Et puis il y avait autre chose.Cherry,elle,ne riait pas,et semblait se moquer du fait qu'un épais cercle de sauce tomate s'était formé autour de ses lèvres devenues orangeâtres.Alors même dans cet état absolument humoristique,tout allait bien.

Lorsque le jeune homme avait posé la question qui consistait à savoir si son amie allait bien ou non,de nombreuses d'autres questions étaient passées dans son esprit à la vitesse d'un tgv.S'était-elle remise de leur précédent rendez-vous ? Lui avait-elle pardonné l'affreux excès de rage dont il avait fait preuve à ses côtés ? Avait-elle accepté la lâcheté de Monsieur O et d'ailleurs,que pensait-elle vraiment de cet individu ? Mais surtout,surtout,allait-elle remplir correctement la mission qu'il lui avait confié,pour que tout se passe à merveille pour elle ? Mattews savait.Il ne doutait absolument pas du fait que l'état moral de la jeune fille passait avant ses propres sentiments.Il voulait savoir si elle allait réellement bien,et si ce n'était pas le cas,il désirait faire de son mieux pour la voir encore sourire,de ce sourire qu'il aimait tant regarder.

Mais contre toute attente,contre toutes réactions auxquelles il s'était attendu,elle ne lui répondit ni qu'elle allait bien,ni qu'elle était en piteux état.Elle lui dit simplement qu'elle irait bien seulement si il lui montrait ce qu'il cachait derrière son dos,ou du moins,ce qu'il avait essayé de cacher derrière son dos.

*Hé merde* songea-t-il.

Habituellement,Mattews était quelqu'un de vraiment discret.Enfin,d'autres contextes,il aurait pu se montrer beaucoup plus attentif aux mouvements qu'il exécutait.Mais cette fois-ci,il ne l'avait sans doute pas assez été,car l'écrivain avait remarqué qu'il ne lui disait pas tout.Au fond,que risquait-il ? Si elle voulait réellement voir ce petit bijou,il le lui montrerait.Il savait qu'elle ne le critiquerait pas,et qu'elle ne se moquerait pas non plus de lui.Parce que son seul tord aurait été d'être tombé sur le seul collier parlant d'amour,entre autres.Seulement,il était en compagnie de la plus douce,la plus compréhensive et la plus adorable personne qu'il existe sur cette planète.

Il voulut s'empresser de lui faire voir le collier qui avait glissé derrière lui,sans même rougir ni chercher à se justifier,mais il n'en eut pas le temps,car son amie venait de sortir un mouchoir de sa poche qu'elle pressa délicatement contre ses lèvres.La soeule chose que souhaita Mattews à ce moment fut de l'embrasser à nouveau,mais il dû se retenir de toutes ses forces de ne pas le faire,car s'il s'était écouté,il aurait été bien trop égoïste.Il se contenta donc de fermer les yeux,ne pensant plus à rien,si ce n'est au contact si simple merveilleux qu'il avait à l'instant avec Cherry.

Elle changea ensuite de sujet,abordant quelque chose qui l'amusa beaucoup,lui expliquant que sa future femme souffrirait à cause de sa façon de manger.Il devait avouer qu'il n'avait pas fait preuve d'excellentes manières ce jour-là.Lorsqu'elle retira le morceau de papier de ses lèvres,il ouvrit à nouveau les yeux et la regarda directement.Il lui prit la main et adopta un ton très sérieux.

-Epouse-moi Cherry.

Il fit une pause qui dura quelques secondes,se retenant de rire pour que la surprise soit forte.

-...Toi t'es parfaite et je suis sûre que tu adores m'essuyer la bouche quand je fais n'importe quoi !

Un rire sincère et clair s'échappa alors de ses lèvres tandis qu'il déposa un baiser sur son front,comme pour la rassurer de cette blague qu'elle aurait pu mal interprêter.Il reprit ensuite l'autre sujet qu'elle avait abordé auparavant,empoignant le collier qu'il fixa quelques instants avant de lui montrer.

-Ca c'est..Un collier que j'ai trouvé en fouillant les étagères.J'ai trouvé qu'il était beau,alors je l'ai gardé.Et puis comme ça me faisait penser à toi et que je ne m'attendais pas à te voir dans la salle des objets,je l'ai gardé un peu...

Cherry et Mattews devaient avoir l’air d’un petit couple niais, assis là, à rigoler et à se taquiner. C’était une scène banale à mourir, pleine de candeur et d’innocence. Cela résumait à merveille leur attachement l’un pour l’autre. Tout était léger, drôle, et personne ne se sentait jamais obligé de faire semblant ou de mentir. Une atmosphère tellement agréable que la brune regretta de ne pas arriver à se libérer aussi facilement avec David. Et puis quoi, où était le problème ? Pourquoi rapportait-elle tout à lui ? Elle était avec le génialissime, le merveilleux, le fantastique Moutmout de son cœur rien qu’à elle… Pourquoi se prendre la tête ?

Car Moutmout était tellement fantastique. Il était beau, gentil, compréhensif, sincère et honnête. Même s’il mangeait comme un nul, Cherry continuait à l’adorer autant, si ce n’est plus. A chaque fois qu’il exécutait un geste ou disait un quelconque mot, elle voulait le serrer contre elle et lui répéter encore une fois à quel point elle l’aimait, comme la dernière fois dans la salle de convocation. Les larmes et le côté tragico-pitoyable en moins.

Cherry ne pouvait s’empêcher de continuer de se poser des questions à cause de cette scène assez perturbante. Mattews avait l’air très remonté par Mr. O. Si elle était persuadée d’accomplir cette mission avec brio, elle ne pouvait pas en dire autant du jeune homme. Et elle avait peur des réticences, car elle concevait parfaitement le genre d’atrocité que le doyen pourrait faire subir à son ami. Et le voir totalement brisé était une image qui l’effrayait plus que tout. Peut-être même se sentirait-elle plus apaisée en le sachant mort que souffrant de la vengeance de Mr. O.

Un doute s’empara de son esprit. N’avait-elle pas été un peu trop indiscrète en lui demandant le pourquoi du comment ? Elle n’arrêtait pas de fouiner partout, Mattews devait être lassé de ne plus pouvoir garder le moindre secret. Cherry était déjà très égoïste, et elle était impressionnée qu’il puisse supporter cela, mais si elle commençait à lui demander sans arrêt le pourquoi du comment, il se lasserait beaucoup trop vite d’elle. De plus, ce qu’il cachait là semblait le gêner au plus haut point. Il n’allait sûrement pas lui montrer.

Il ferma les yeux. Est-ce qu’elle l’ennuyait ? Sûrement pas. Il avait l’air tellement serein quand il montrait ses paupières à Cherry. Elle ne pouvait qu’être fascinée par tant de quiétude. Ainsi, il ressemblait à un ange. Tout à coup, il rouvrit les yeux et la regarda droit dans les yeux. Ce regard sembla lui transpercer le cœur, elle s’en sentit pétrifiée. Il prit sa main et Cherry fit de son mieux pour rester stoïque à cette approche qui lui donnait envie d’hurler de joie et de bonheur.

« Epouse-moi Cherry »

L’être de la jeune fille se figea, un peu comme si on lui avait jeté un sort. Ce n’était pas loin du compte cela dit. Mattews avait dit cela si sérieusement qu’elle n’avait pu que tomber dans le panneau. Mais il avait rompu le charme trop rapidement. Elle n’avait même pas eu le temps de se poser des milliers de questions. La brune avait fait de son mieux pour photographier la scène, comme pour la réécrire par la suite. Mais quelques secondes après, il reprenait son air humoriste habituel et elle se sentie un peu stupide, la bouche bée à le fixer, pâle comme un mort vivant.

Il éclata de ce rire qui la rendait folle et elle lui tira la langue.

« Mouais ! Embrasse mes pieds d’abord… ! »

Tandis qu’elle prononçait ces paroles, Mattews avait déposé ses lèvres sur son front et sa blancheur acre se transforma en un rouge ardent, comme un grand feu indien. Elle pensa qu’il voulait juste changer de sujet, mais il lui tendit le collier caché. L’écrivain ne put s’empêcher d’être une fois de plus touchée par la sincérité et l’honnêteté du garçon. Elle en avait complètement oublié sa crise de l’autre fois.

Un sourire pris inexorablement place sur ses lèvres. Le collier était ancien, pas très joli, mais son message le rendait plus exceptionnel qu’un autre. « ça me faisait penser à toi. » Quand Mattews allait-il se décider à arrêter d’émouvoir autant Cherry à n’importe laquelle de leur rencontres. Elle saisit alors la main du garçon qu’elle pressa contre sa joue.

Elle ferma les yeux un instant puis les rouvrit, juste le temps de faire le point. Son sourire radieux repris le dessus sur sa mine touchée.

« Qu’est-ce que t’es sentimental des fois ! »

Elle lâcha alors la main de Mattews et se leva brusquement.

« Il doit y avoir des tonnes de supers objets ici… On fouille ? »

En vérité, Cherry se fichait comme de sa première chaussette de trouver des tonnes d’objets ou non. De toute évidence, elle voulait éviter le sujet « on est quoi l’un pour l’autre » qu’elle avait réussi à esquiver avec brio la dernière fois. Elle continuait à prier pour que Mattews se prête au jeu et ne lui pose pas de questions.

Une nouvelle fois,Mattews n'avait pu s'empêcher de se montrer honête.Pourtant,un torrent de possibilités s'offraient à lui,lui permettant ainsi de pouvoir mentir à son interlocutrice,inventant qu'il avait laissé glisser par mégarde le petit objet qui s'était perdu sous l'étagère,ou simplement,il aurait pu lui avoué qu'il n'en avait absolument pas envie et que de toutes manières,ça ne la regardait pas.Mais la sincérité était une qualité profondément encrée dans le coeur du jeune homme qui se montrait incapable de mentir à ceux qu'il aimait,bien qu'il puisse le faire sans complexes lorsqu'il se trouvait en face d'une personne qu'il détestait plus que tout.Mais de toute manière,Cherry était différente de toutes les personnes qu'il avait fréquenté jusqu'à présent,et la persuasion qu'il n'avait pas le pouvoir de lui refuser quoique ce soit était tellement présente en lui qu'il ne pourrait la chasser même si un jour il en avait envie.

Petit à petit,le jeune homme se rendait compte de choses plus ou moins agréables à comprendre.Petit à petit,l'écrivain remplaçait tout ce qui constituait son organe vital.Tout ce qu'il faisait,chaque geste qu'il exécutait lui faisait penser à elle.Le kiwi,les miroirs,son portable,et désormais,même les spaghettis et les colliers se rapportaient désormais au visage de Cherry.Son coeur se transformait en une petite cerise,et cela ne lui plaisait guère.Pourquoi,me demanderez-vous ? Et bien parce qu'il avait l'impression d'omettre toutes les autres personnes auxquelles il tenait énormément et qu'il ne souhaitait jamais perdre.Et même s'il aimait la jolie brune plus que tout au monde,cette sensation qu'il laissait tous les autres de côtés pour sa jolie bouille le hantait douloureusement.

Alors quel était ce sentiment si fort qui s'emparait de lui à chaque fois qu'il se trouvait aux côtés de la jeune fille ? Pourquoi avait-il cette sensation bizarre que plus rien n'existait et qu'ils étaient seuls au monde ? Pourquoi son coeur battait-il si vite dès qu'il était en sa présence ? Il ne trouva qu'un seul mot capable de décrire correctement ses questions qui trottaient dans sa tête.L'amour.Mattews Anderson était amoureux et en avait conscience.Peut-être avait-il même trop tendance à être tellement affectueux envers son "amie" qu'il souhaitait garder pour lui jusqu'à la fin des temps.Peut-être devait-il la laisser respirer quelques temps pour qu'elle réfléchisse un peu à la situation qui s'imposait à elle.Rien ne devait être facile pour elle.Elle se trouvait face à des choix qui la faisaient certainement beaucoup souffrir.Et Mattews avait également mal intérieurement,car bien qu'il voulait Cherry plus que tout,il savait pertinement que son ancien meilleur ami David souffrait et cette pensée l'affectait beaucoup.

Comme pour chasses les horribles songes qui s'étaient installées à vitesse éclair dans la tête du jeune homme,Cherry entreprit de détendre l'atmosphère,lui ordonnant d'embrasser ses pieds.Ce n'était pas que Moutmout Royal n'avait pas très envie d'exécuter ce geste mais en fait...si.Il savait que l'écrivain était absolument parfaite mais il n'avait pas franchement le désir de connaitre ses petits petons d'aussi près.Quoiqu'en y réfléchissant bien,si un jour ils habitaient ensemble à son plus grand bonheur,il devrait bien s'efforcer à connaitre chacun de ses traits.Et ses pieds faisaient partis de son sublime corps...Cependant,à cette heure-ci,il était plus rassuré de les savoir bien au chaud dans de jolies chaussures qui lui allaient à merveille comme tout ce qu'elle vêtissait plutôt que dénudés,se faisant bisouter par le jeune homme.Ainsi,il préféra ne pas répondre à cette exigence.

Soudainement,après avoir passé sa main sur sa joue,la jeune fille lui avoua qu'il était vraiment sentimental.Etait-ce un repproche ? Mattews le prit ainsi.Alors elle était en train de craquer parce qu'il montrait trop ses sentiments,comme il s'y attendait.Peut-être était-il une nouvelle fois en train de se faire des films,il n'en avait pas la moindre idée.Mais le sentiment qu'il venait de ressentir resta coincé en travers de sa gorge.Une sorte de déception venait de se forgée dans son coeur.Evidemment,il manquait cruellement de confiance en lui,comme son frère le savait bien.Et le fait que Cherry lui dise qu'il était vraiment sentimental ne fit qu'enfoncer le couteau dans la plaie.Lorsqu'elle retira sa main et qu'elle se releva brusquement,Mattews chuchota une phrase dans un susurrement presque inaudible.

-Excuse-moi.

Puis,amèrement,il se leva à son tour et accepta sa propositon de fouiller les étagères sans un mot,laissant se dessiner un faux sourire sur ses lèvres.Il fit alors quelques pas vers la droite et jeta un bref coup d'oeil sur son contenu.Il tendit alors sa main et s'empara d'une petite voiture de collection.Une voiture de sport rouge,comme il les avait tant aimées autrefois.Intérieurement,le jeune homme avait conservé ses réflexes de gamin et adorait se perdre dans ses souvenirs enfantins.

-Wow,j'aurais adoré en avoir une comme celle-ci entre les mains,quand j'étais gosse. dit-il avec admiration,ne la lâchant pas des yeux.

Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir l’esprit tellement encombré que de comprendre votre propre fonctionnement était quelque chose d’impossible, et de savoir que cette impossibilité était immuable et pérenne ? Cherry s’était toujours résolue à cette idée : jamais elle n’aurait l’esprit tranquille. Ava, Rosa, Robin, David, Mattews… Elle aurait toujours quelqu’un pour qui s’inquiéter, pour qui se prendre la tête. Sans compter son égoïste infernal qui la faisait penser deux fois plus à elle qu’une personne normale, plus le manoir, Mr. O et tout ce qui embêtait les personnes sans problèmes. Pourtant, lorsque Moutmout était là, tout semblait perdre son sens. Elle arrivait à chasser ces idées noires et à ne plus penser à rien. Voilà pourquoi elle avait décidé de le nommer Blood dans ses jeux de noms de code avec Azur. Il lui était indispensable. Sans lui, elle courait droit au suicide, tout comme Ava…

Mais justement, ce profond attachement envers lui, ce sentiment qu’elle ressentait… N’était-ce pas du à ça ? A cette joie de vivre quotidienne, à cette fraicheur qui émanait de Mattews ? Comme lorsqu’on achète quelque chose de nouveau, qui n’est pas usé et qui nous incite à l’essayer. Sauf qu’il n’était pas un objet, et qu’elle ne voulait pas seulement l’essayer. D’ailleurs, elle l’avait déjà « adopté » depuis longtemps ! Mais il y avait toujours David, et Cherry ne savait plus trop ou donner de la tête.

Cherry faillit ne pas entendre le « Excuse-moi » vexé de Mattews. Il ne prononça si doucement qu’elle crut un instant avoir rêvé mais en voyant l’expression de son visage, elle comprit que non. Le pire dans tout ça, c’était qu’elle en était la cause et qu’elle restait plantée là comme une souche en l’observant s’éloigner vers les autres objets. Elle avait l’impression d’être malhonnête envers lui, et cela lui déplaisait au plus haut point. Cherry avait envie de le prendre dans ses bras et de l’embrasser pour se faire pardonner mais elle ne s’en sentait pas capable. C’était comme si elle allait s’effondrer au moindre pas qu’elle ferait. Oui, elle devait lui dire la vérité.

Alors que Mattews regardait avec passion une petite voiture de collection, Cherry fit un pas vers lui. Jamais marcher n’avait été une chose aussi compliquée et dure à accomplir venant d’elle. Elle inspira profondément, pris son courage à deux mains et fit un pas de plus. Elle répéta tout cela quelques fois avant d’arriver face au dos du garçon qui semblait ne pas pouvoir détacher ses yeux du jouet.

Après un vague instant d’hésitation, elle glissa ses mains sous les bras de Mattews afin de le prendre dans ses bras. Sa tête vint se poser contre son dos et elle ferma les yeux comme pour oublier qu’elle le blesserait. De toute façon, Cherry n’était plus bonne qu’à ça : blesser les gens. Elle se voilait la face continuellement en se persuadant qu’elle était quelqu’un de bien, pourtant, ce n’était pas le cas.

« Mattews, je… »

Pourquoi ne disait-elle pas quelque chose de drôle, de gentil ? D’amusant ? Il ne remarquerait rien ! Mais non. Ce serait s’enfoncer dans le mensonge et la mythomanie, et rien ne faisait aussi mal au cœur à Cherry que de continuer à raconter des craques à l’une des personnes qui lui était le plus précieux. Tout ne serait plus qu’un leurre (*Decoy ) si elle se taisait. Pour Mattews, pour eux deux, il fallait qu’elle parle.

« Au sujet de ce qui s’est passé dans la salle de convocation et de ce que tu m’as demandé avant que… »

Elle n’osa pas prononcer le nom de Mr. O, de crainte d’énerver le brun qui n’était peut-être pas ravi de remettre le sujet sur le tapis. Après tout, c’était assez gênant, autant pour elle qui avait pleuré comme une enfant que pour Mattews qui s’était énervé contre un miroir et qui avait effrayé Cherry comme ce n’était pas permi. Pourtant elle devait, oui, elle devait…

« Je ne peux pas être avec toi, Mattews. »

Elle avait laché la phrase dans un souffle comme s’il s’agissait d’un boulet incroyable qu’elle avait hissé de toute ses forces pour le lui montrer. Il lui en voudrait n’est-ce pas ? Même si elle plaisantait, il lui en aurait voulu. Alors que faire pour la vérité ?

« Parce que… Il y a… »

Allez. Vas-y Cherry. Tu y es presque. Pourquoi ton cœur bat si fort ? Pourquoi tu es si déçue de lui dire ? Pourquoi tu as si peur ? Depuis toute petite, on te dit que mentir c’est mal non ? Alors tu dis la vérité, tu devrais être fière de toi. Vas-y Cherry… Tu y es presque.

« Je ne peux pas parce qu’il y a David. »

A défaut de dire « J’aime David », elle s’était contentée de cela et son estomac sembla se contracter tant elle était stressée de savoir ce que Moutmout royal répondrait à ça.

(9 crimes skuatte ici xD)

Mattews laissait l'impression d'être totallement captivé par la petite voiture de collection qu'il tenait entre ses mains,mais il savait que Cherry le connaissait trop pour n'y voir que du feu.Alors quelle serait sa réaction,que trouverait-elle à dire face à cette sorte de "gaminerie" qu'avait emprunté le jeune homme afin de voiler ses sentiments ? Il savait qu'eux deux étaient bien au-dessus de ça,il avait cette certitude que personne ne pouvait lui retirer que même si,un jour,il ve"nait à mentir à l'écrivain à propos d'un quelconque sujet,elle saurait que tout n'était que mensonge et futilité.Alors où pourrait-il trouver un échappatoire ? Fallait-il qu'il prononce ce "Cherry,il faut absolument que l'on parle de ce qui s'est passé dans la salle de convocation l'autre jour" qu'il cherchait à éviter ? Ou parviendrait-il encore une fois à prendre une fuite assez habilement pour qu'elle ne s'en rende pas compte ? Au final,pourquoi,encore une fois,pourquoi se posait-il tant de questions,alors que peut-être qu'elle n'épprouvait aucune envie ni besoin de décrire les sentiments qu'ils avaient tous deux ressentis la bas,et cette sorte de crise de haine qu'il lui avait fait subir contre son plein grè ? C'en était trop.Comme habituellement,Mattews se posait mille questions,et n'était même pas sûre de vouloir les réponses qu'il n'obtiendrait de toute façon sans doute jamais.Tout était tellement en désordre dans son esprit,lorsque tout se mélangeait et que plus rien ne se ressemblait,lorsque chaque petite particule de positif s'éloignait loin et finissait par s'éteindre.Et ce malentendu entre ses songes se produisait bien trop souvent pour qu'il soit prêt à le supporter plus longtemps.Pourtant,il en voyait l'obligation,par respect envers Cherry,et sûrement même,simplement,par respect envers lui-même.Il ne pouvait pas passer du jour au lendemain de "je préfère me taire que parler de choses puériles qui risqueraient de blesser ceux que j'aime" à "je vais vider mon sac devant tout le monde pour qu'on me plaigne et me réconforte,et après ça,tout ira bien".Le problème était qu'à force,tout s'accumulait et le faisait plus souffrir qu'autre chose.La seule personne capable de l'aider à cet instant précis aurait été Shane.Alors pourquoi,que diable,n'était-il pas là lorsqu'il en avait absolument besoin ? Pourtant,il avait toujours été là,aupparavant.Bien avant que le photographe n'apprenne la triste vérité.Tout était beaucoup plus facile à l'époque ou Shane Anderson n'était nul autre que le frère de Mattews Anderson.Mais aujourd'hui,rien ne serait plus pareil.

Une pensée vint alors percuter le coeur du jeune homme avec une violence qu'il n'avait pas enduré depuis un certain temps : Si Shane avait réellement été son frère et que Mattews n'avait jamais rencontré Cherry,comment se sentirait-il aujourd'hui ? Mélissa aurait-elle finit par réapparaitre,et dans ce cas,l'aurait-il pardonnée pour reconstruire un couple encore plus soudé qu'aupparavant ? Il s'étonna qu'une telle songe soit arrivée jusqu'à son esprit torturé,étant donné qu'aujourd'hui,tout ce qui importait était son amour envers Cherry et les liens qu'il tentait de retisser avec Mélissa.Mais en réfléchissant un moment,il était vrai que tout aurait peut-être été beaucoup plus simple et agréable s'il était resté dans sa maison familiale.Certes,il n'aurait jamais senti le doux parfum de la liberté qu'il commençait seulement à posséder sur cette île,mais au moins,il aurait été protégé de certains maux.

Il se rendit alors compte d'une chose,Cherry avait raison.Bien souvent,il se montrait très sentimental,voir trop,contrairement à l'image qu'il renvoyait aux autres.Beaucoup le connaissait comme étant le "sportif,fort,intelligent et malicieux Mattews" mais peu cherchaient à comprendre réellement tout ce qui se tramait à l'intérieur de son coeur.Alors la solution était presque écrite,craquant sous le poid d'une souffrance qu'il était très loin d'être seul à ressentir,il devait chercher à revendiquer certains de ses sentiments en les éloignant loin.Ainsi pourrait-il peut-être moins se laisser atteindre par la douleur.Mais en devenant cet autre Mattews,resterait-il si agréable ? Il prendrait un risque : celui de devenir bien trop froid pour que quiconque ne daigne approcher de lui à moins de cent mètres.Tous se tiendraient loin,sachant pertinement que la seule phrase qui frôlerait sa langue serait "plus rien ne me blesse,vos paroles ne me touchent plus".Et bien entendu,perdre tous ceux auxquels il tenait tant lui serait fatal.Il devait donc apprendre à se contrôler,sans forcément chercher à tout éloigner de lui.S'il fonctionnait ainsi,il aurait une chance de se sentir mieux,mais également,peu à peu,de reprendre confiance en lui,comme il l'éspérait tant.

L'esprit de Mattews était tellement contradictoire et dur à comprendre que parfois,il avouait qu'il s'y perdait totallement,ne sachant plus pourquoi il avait pensé à un certain sujet lors d'un certain moment.Et bien entendu,ce fut exactement ce qui le frappa aux côtés de Cherry.Pourquoi avait-il diantre pensé à son propre caractère alors qu'il était aux côtés de celle qu'il aimait ? Le stress,certainement.C'était là seule réponse plausible qu'il avait réussi à trouver à cette nouvelle question.Et alors qu'il était encore en train d'observer le petit objet,plongeant la salle dans un grand silence,il remarqua que Cherry s'était approchée de lui.Ce moment de réflexion n'avait pas été aussi long qu'il l'avait pensé,toutes ses songes étaient passées à une vitesse incroyable,mais cet instant lui avait semblé incroyablement long,attendant que la jolie brune se manifeste d'une quelconque manière.

Et la façon qu'elle venait d'adopter lui parut merveilleusement douce et agréable.Elle avait glissé ses bras sous les siens,profitant de cet instant pour le serrer contre elle durant quelques secondes.Ce fut ces quelques secondes qui le transportèrent assez loin pour lui permettre d'omettre cette douleur insaisissable qui se promenait encore dans son organe vital.Il se sentait tellement bien avec Cherry qu'il ne pouvait décrire cette sensation de bonheur qui s'envahissait de lui à chaque fois qu'un contact s'installait entre les deux êtres.Une chose était sûre,elle n'était personne d'autre que son âme soeur,celle avec qui il voulait tout partager et tout offrir.

(It's not over fait son apparition ici xD)

Mais rien ne se passa comme il l'aurait souhaité.Elle releva la tête vers lui,et commença une phrase sans doute douloureuse à prononcer,puisqu'elle hésita à plusieurs reprise à tout lui avouer.Mais au final,il obtint un collage qu'il dut se répéter plusieurs fois pour être certain qu'il ne rêvait pas,et que ce qu'elle venait de lui dire était réel,et que tout cela n'était pas qu'un rêve absurde.

"Mattews,je ne peux pas être avec toi parce qu'il y a David."

Tout ce qu'elle avait prononcé entre ces mots n'avait aucune importance pour lui.Il s'empressa alors de reculer d'un pas,la repoussa assez froidement.Il fronça les sourcils et la dévisagea comme si une énorme tâche de chocolat était restée sur son lit.Comment pouvait-elle lui faire ça,après lui avoir dit qu'elle l'aimait et surtout,après l'avoir embrassé ? D'où se permettait-elle de jouer ainsi avec son coeur à sa guise pendant qu'elle fricotait avec David quelque part,alors que pour elle,Mattews avait repoussé son ancien amour,mais ça,bien sûr,elle n'en avait pas la moindre idée,parce qu'il refusait de la culpabiliser.Pourquoi l'avait-elle pris dans ses bras avant de lui annoncer quelque chose d'aussi douloureux,signifiait-ce "adieu,je ne veux plus jamais te revoir pour pouvoir épouser David et avoir plein d'enfants merveilleux avec lui" ? La seule envie qui s'empara de Mattews fut de fuir sans se retourner,et de ne plus jamais la revoir.Mais il ne pouvait pas se contenter d'avoir une réaction aussi enfantine.Non,il fallait qu'il réagisse,qu'il défende son cas,au risque de la perdre pour tout jamais.Ce qu'elle venait de lui dire l'avait blessé du plus au point,et il ne pouvait la laisser lui faire cela.Une chose était certaine,à cette heure-ci,le jeune photgraphe en voulait énormément à l'écrivain,et il était sur le point de le lui montrer.

Après un long silence,cette fois-ci bien réel,il se décida à prendre la parole.

-Je te déteste Cherry.Tu crois vraiment que tu as le droit de me dire que tu m'aimes avant de m'embrasser et de me laisser tomber fou amoureux de toi pour ensuite m'avouer que tu ne peux pas être avec moi parce qu'il y a David ?
Il la fixa quelques instants,les sourcils toujours froncés avant de reprendre.

-Tu aimes David.Tu l'aimes,mais tu t'es permis de fricoter avec moi en attendant d'en être bien sûre.Ce que tu peux être...- il mit un certain temps avant d'oser prononcer ce mot -égoïste.J'aurais jamais pensé ça de toi.Parce qu'évidemment,en attendant,j'ai laissé tomber Mélissa parce que je tenais bien trop à toi,j'ai lutté contre mon envie de revivre quelque chose avec elle,parce que je t'avais déjà avoué que je t'aimais,et que je voulais vivre quelque chose avec toi..Mais ça te ne le savais pas,bien sûr.Pour toi,tout était tellement plus facile.David,moi,les meilleurs amis du monde fâchés,juste aveuglés par l'amour qu'on te portait.Et maintenant que tu as pu testé les deux "produits" qui soffraient à toi,tu te rends compte que l'un d'entre eux est de meilleure qualité,alors tu jètes l'autre.C'est vraiment pathétique Cherry Williams.

Mattews venait de tout lui avouer.Tout ce qu'il avait sur le coeur et mourrait d'envie de lui dire,avec une froideur à en faire trembler un mort.Il l'avait disputée comme il aurait pu le faire avec un enfant.Toujours en colère,il attendit presque impatiemment la réponse de la jeune fille.

Cherry avait toujours été avec Mattews. J’entends ici que jamais, ils ne s’étaient disputé. Jamais elle n’avait souffert des sentiments qu’elle ressentait à son égard. Jamais il n’avait fait quoi que ce soit qui aurait pu la blesser. Ça n’était jamais arrivé. Et aujourd’hui pourtant, elle était prête à briser ce lien si fort qui les unissait. Même à blesser cette personne si fantastique qui avait été d’un tel recours et d’une telle tendresse avec elle. Tout ça juste parce qu’elle aimait David. Non, elle n’aimait pas David, elle était amoureuse de lui. Cherry avait eu raison en se disant que l’amour allait de paire avec la douleur. Personne n’aime sans souffrir.

Tout de même, que serait la vie de Cherry si elle n’avait pas gardé les lettres d’Ava ? Si elle avait plus attention au fait qu’elle souffrait ? Tout serait tellement différent alors… Elle ne connaîtrait pas tous ceux qui étaient ses proches en ce moment. En outre, elle ne serait jamais tombée amoureuse de David et n’aurait pas commencé à aimer autant Mattews que cela. C’était effrayant de se dire que toute cette histoire, toute cette souffrance, tout cet amour aurait pu ne pas exister à cause d’un minuscule détail qui avait tout fait changé. Si Cherry s’appelait Rose, tout aurait été différent. Si Mattews n’était pas de la famille Anderson aussi. Le monde pourrait changer si facilement. Comme il était dommage que les personnes qui en prenaient conscience étaient si rares.

Cherry serrait toujours Mattews contre elle et son estomac la faisait énormément souffrir. Il semblait se tordre dans tous les sens et devenir si encombrant qu’il compressait ses poumons et rendaient difficile sa respiration. Comment réagirait-il ? Que ferait-il ? Que lui dirait-il ? Et s’il s’énervait tout comme la dernière foi ? Elle avait peur, tellement peur de lui lorsqu’il était dans une rage folle. Et pire encore, serait-elle capable de lui redire qu’elle ne pouvait pas être avec lui ? A cette seule pensée, elle voulait pleurer. Mattews lui était indispensable, elle le savait très bien. Pourtant, elle lui disait qu’elle le voulait pas qu’il se passe quelque chose entre eux, comme si elle cherchait à mettre une barrière entre elle et lui.

Comment pourrait-elle lui expliquer la raison de son choix ? Comment lui dire qu’elle avait pris David, et non pas lui, contre toute attente. Lui qui croyait en elle, lui en qui elle avait confiance, lui dont elle savait tout. Car Mattews était tellement formidable. A chaque fois qu’elle avait un problème, elle se tournait vers lui. Il savait quoi faire, et il savait la consoler. Mais maintenant qu’elle était la cause de sa tristesse, jamais plus il ne voudrait lui reparler, elle en était certaine.

La douleur qu’elle éprouvait à l’abdomen fut très aigue au moment ou Mattews la repoussa froidement. Incapable de bouger, Cherry resta face à l’étagère pleine à craquer d’objet et fixa la voiture rouge qu’il avait eu le temps de reposer. Elle n’osa même pas tourner la tête dans sa direction, comme si ce qu’elle lui avait dit la rendait honteuse de sa propre stupidité. Comment avait-elle pu autant le blesser ? Il n’avait rien fait de mal pourtant… Il avait toujours été génial avec elle… Trop génial ?

Son bras gauche entourait son ventre tandis que sa main droite cachait une partie de son visage. Cherry s’en voulait tellement. Elle aurait tout donné pour que Mattews la pardonne et accepte de redevenir son ami, tout comme ils l’étaient avant. Maintenant, elle se sentait incapable de le regarder droit dans les yeux. Elle l’avait trahit. Il ne devait plus ressentir que de la répulsion à son égard. Et il fut tellement dur à l’écrivain d’avouer qu’il avait tout à fait raison et qu’elle le méritait.

Le silence qui avait pris place glaça son sang. Elle ne se sentait pas apte à le briser, jugeant qu’elle avait suffisamment parlé comme ça. Elle s’attendait à ce que Mattews s’en aille et refuse de lui reparler, mais elle l’entendait respirer. Il était là. Et c’était peut-être même pire que de le voir partir sans un mot.

La première attaque du garçon déchira le cœur de Cherry qui était déjà drôlement amoché. Elle s’était reconnue dans ces paroles. Elle avait dit des choses similaires à David. Elle se souvint encore d’à quel point elle avait souffert en les lui disant. Sauf qu’après, ils s’étaient embrassés. Mattews n’avait plus aucun espoir de voir cela se produire. Elle le sentait dans sa voix. Pour lui, leur histoire était sur le point d’être terminée.

« Je suis désolée… » murmura-t-elle tout bas en fixant la voiture.

Si Mattews aimait autant Cherry que Cherry aimait David, elle n’osait imaginer l’état dans lequel il était actuellement. Si ça ne tenait qu’à elle, elle serait partie le prendre dans ses bras comme pour qu’il oublie sa peine, mais maintenant, cela lui était impossible. Ce serait trop dur, autant pour elle que pour lui. Il y a des blessures qui ne guérissent pas. Si Cherry cédait et qu’elle faisait ça, la blessure du photographe ne ferait que s’amplifier, et pour rien au monde elle n’aurait risqué ça. Elle avait le sentiment désagréable d’avoir poignardé un ami. Mais Moutmout était bien plus qu’un simple ami.

« Tu aimes David. » Mattews avait comprit… Et elle était bien placée pour savoir que le plus dur c’était d’aimer un cœur qui en aimait un autre… Cherry n’avait jamais été confrontée à une chose pareille, elle ne savait pas quoi faire ni quoi dire. La seule chose dont elle était vraiment sure, c’était que le regard du garçon lui transpercerait la poitrine. Elle avait beau être totalement déprimée, le laisser parler comme ça n’était surement pas la solution. Il serait d’ailleurs beaucoup plus énervée de la voir muette. Le mot « fricotage » choqua tout de même l’écrivain, elle rassembla toutes ses forces pour se retourner vers lui et le fixa droit dans les yeux presque au bord des larmes.

« Du fricotage ? Je ne fricotais pas ! Je… »

Ses tempes battaient très fort. Elle parlait pourtant calmement et tout doucement. Les mots se retournaient-ils contre mademoiselle l’écrivain ? Elle qui les maîtrisait si parfaitement habituellement commençait à se perdre dans tout ce qu’elle voulait dire.

« Je t’aimais vraiment Mattews… Je t’aime toujours d’ailleurs mais… »

« Egoïste ». Elle ne comprit ce qu’avait dit Mattews qu’après avoir dit ça. Il s’en était rendu compte ? Il la détesterait pour toujours maintenant. Cherry était bien trop égoïste pour pouvoir être entourée et heureuse. La plupart de ses proches pensaient qu’elle était tout à fait généreuse et gentille. Moutmout venait de se rendre compte de la personne qu’elle était réellement. Et maintenant, il la détestait.

« Qui est Mélissa ? »

Cherry ne comprenait plus. Si Mattews lui avait tout dit, si elle savait absolument tout de lui, comment se faisait-il qu’il n’ait jamais évoqué la moindre Mélissa ? C’était la première fois de toute sa vie qu’elle avait entendu ce prénom et elle savait que ce n’était pas très bon signe. Si Mattews sortait avec Mélissa, elle serait vraiment jalouse, mais ne pourrait pas lui en vouloir. Il retrouverait le bonheur, après tout. Mais c’était avec elle qu’il avait voulu vivre quelque chose comme il le disait. Pas avec cette Mélissa dont Cherry ne savait rien.

Tout prenait un sens maintenant que Mattews vidait son sac. Il lui balançait tout d’un coup, lui brisant de plus en plus le cœur. Elle commençait même à se demander lequel des deux souffrait le plus en ce moment même. David et Mattews étaient meilleurs amis ? Cherry n’était qu’à peine au courant qu’ils se connaissaient. Elle avait l’impression que Moutmout avait tout abandonné pour elle, et que maintenant, elle s’apprêtait à l’abandonner…

Mais comment pouvait-il dire des choses aussi cruelles en paraissant si sincère ? Pensait-il vraiment qu’elle l’avait « testé » comme un vulgaire objet…. La croyait-il capable d’une chose pareille ?

« Mattews, je t’en prie écoute-moi ! dit-elle en lui prenant les mains. S’il y avait un quelconque choix à faire, je t’aurais choisis mais je… »

Ce qu’elle disait n’avait pas vraiment de sens, mais l’entendre lui dire qu’elle était pathétique l’avait tellement affolé. En fait, Cherry n’avait pas eut à choisir. Elle aimait David depuis le début mais se sentait incapable de le comprendre parce que, ce jour là, dans la cuisine, elle avait bien senti la présence de ces sentiments qu’elle ressentait envers Mattews. Mais elle évita d’évoquer David maintenant, le moment était très mal choisi.

Quelque chose d'inexpliquable s'était emparé de l'esprit de Mattews. Une chose qui le faisait souffrir, qui ressemblait à un mélange de colère, déception et tristesse et le rendait dans un état indescriptible. Des spasmes douloureux s'étaient crées dans son estomac, transformant ses habituels sourires en mine déformé par une réflexion intensive. A l'intérieur de lui-même, trop de choses se bousculaient et une question se distinguait plus que les autres. "Pourquoi". Comment Cherry avait-elle pu passer son temps à le laisser fonder des faux espoirs en une relation qu'elle savait déjà impossible ? Ils avaient pourtant passé des moments exceptionnels, elle l'avait embrassé, et avait prononcé les mots qu'on ne doit jamais dire lorsqu'ils ne sont pas sincères. "Je t'aime". Elle l'avait dit, il en avait la certitude et ne pouvait se résoudre à supprimer ce souvenir de ses pensées. Alors l'écrivain lui mentait-elle depuis le tout début ? S'était-elle amusée à jouer ainsi avec son coeur, sachant pertinemment qu'il n'offrait pas sa confiance à n'importe qui et qu'il avait un mal fou à laisser tomber sa méfiance ? La seule persuasion qu'il possédait désormais était que quelque chose de non sincère trônait dans l'air pesant de la salle. Il fallait donc qu'ils s'expliquent et tentent de conserver leur calme -chose qui lui semblait pour l'instant impossible à réaliser-. Mais accepterait-il au moins la moindre explication venant de la part de quelqu'un qu'il n'arrivait même plus à regarder en face ?

Le pire restait à venir. La raison qui la poussait à "abandonner" Mattews ainsi était un nom propre. David. Finalement, il avait réussi à obtenir ce qu'il avait toujours voulu, l'amour et le dévouement de Cherry. Les deux jeunes hommes avaient toujours été meilleurs amis, pour le meilleur et pour le pire, et s'étaient soutenus durant tous les obstacles qui s'étaient interposés entre leur amitié. Toujours, jusqu'à l'arrivée de la jolie brune, ou plutôt, jusqu'à ce que leur chemin ne croise celui de Cherry Williams. A partir de là, l'amitié avait fait place à une haine indescriptible et futile de vouloir conquérir la belle. Plus rien n'avait été pareil, il n'y avait plus jamais eu un seul moment durant lequel ils s'étaient permis de rire ensemble, comme ils l'avient toujours fait aupparavant. Tout n'avait plus été que compétition, c'était tellement bête de l'avouer, mais réel. Il s'était en quelque sorte battu pour quelque chose que seul l'un d'entre eux pourrait obtenir à la fin, au risque de gâcher une amitié qui durait depuis de nombreuses années. Mais aucun des deux n'avait eu le moindre scrupule, ou du moins, aucun d'entre eux ne s'était permis de laisser voir la moindre faiblesse. Ils s'étaient prouvé que chacun ferait tout, absolument tout pour finir aux côtés de l'écrivain. Et aujourd'hui, le vainceur pointait le bout de son nez, la médaille pouvait enfin être distribuée. Cette situation était semblable à un stupide cliché, comparable à deux chiens qui avait une rage non dissimulée de se battre -jusqu'à la mort ?- pour un os qu'un maître généreux aurait simplement pu dédoubler pour que ce soit équitable. Mais où était donc ce maître si généreux, pourquoi partait-il dans une telle situation ? Où se trouvait à présent le partage égal qui aurait affiché un sourire sur les lèvres des deux garçons ? Nulle part. Néant. Nada. Rien. Ils avaient du se débrouiller seuls, et la seule chose qu'ils avaient été capable d'accomplir avait consisté à se détester, en regrettant amèrement et secrètement les temps passés. Mais bien sûr, aucun des deux n'avait eu la bonne idée de remettre la faute sur Cherry, ça aurait été bien trop facile. Cherry était parfaite, Cherry ne devait pas être blessée, non, Cherry avait deux hommes pour elle toute seule et les laisser se battre ainsi pour elle n'était pas égoïste, seulement juste. Cherry n'avait rien avoir avec cette histoire et ne l'avait jamais souhaité, c'était entendu. Cherry souhaitait le bonheur des gens.

Alors pourquoi semait-elle la pagaille dans le coeur de tous ceux qu'elle approchait ? Le footballeur s'étonna de regretter de l'avoir ainsi protégée du meurtre de sa meilleure amie. A présent qu'il se trouvait en face de la réelle personnalité de la jeune fille, il commençait à songer qu'elle n'était pas aussi innocente que ça. Auparavant, jamais, non jamais une telle pensée ne l'aurait effleuré, même en période de pseudo-déprime. Mattews aimait Cherry, du moins, l'avait aimée, mais qu'en était-il de maintenant ? Elle l'utilisait, et prenait un plaisir qu'il percevait largement à admirer à quel point elle était en train de le détruire. Quoiqu'au fond, détruire était un mot faible. Il aurait dû s'armer d'indifférence, claquer la porte et la laisser en plan ici, mais il ne pouvait se résoudre à exécuter cette possibilité. Il avait toujours gardé pour lui ce qu'il pensait secrètement, alors aujourd'hui, il jèterait son hypocrisie loin de lui et s'exprimerait avec toute la sincérité qu'il possédait, se moquant des blessures qu'il pourrait provoquer à son interlocutrice. Désormais, quel bonheur était le plus important, celui de Chery ou le siens ?

Il parvint à plonger son regard dans celui de la jeune fille et se débattit de celle-ci qui avait capturé ses mains avec une habilité incroyable, après lui avoir déballé un discours qu'il n'avait écouté qu'à moitié. Il se moquait des excuses qu'elle avait prit soin de fabriquer avant de venir dans cette pièce, plus rien avait d'importance. Mais égoïstement, il exigeait qu'elle l'écoute en retour, et qu'elle retienne ce qu'il avait à lui dire.

-Arrête, arrête de me sortir des excuses que tu ne penses pas.

Il adopta un ton froid, quelque chose de presque effrayant qu'il n'avait pas l'habitude d'employer.

-Tu détruis des amitiés, mais peu importe, deux mecs se battent pour toi, c'est tout ce qui compte. Ca te rend heureuse de savoir que David et Mattews sont à tes pieds et que tu peux en faire ce que tu veux.

Il recula de quelques pas, songeant à Mélissa, et s'aventura sur ce sujet.

-Mélissa Stevens. Elle a été ma petite amie des années durant, mais elle a été obligée de partir pendant quelques temps. Entre deux périodes, je suis tombé.. amoureux de toi, enfin je ne sais même plus si je peux le dire maintenant.. Par respect, et par amour peut-être, ou par idiotie, figure-toi que je ne sais même plus, j'ai mis une distance incroyable entre elle et moi, repoussant l'éventualité que je puisse reconstruire un avenir heureux avec elle. Je l'ai fais souffrir, vraiment souffrir, pendant que tu draguais tout ce qui bougeait derrière mon dos. Et maintenant que tu as choisi ton David, je suis censé faire quoi ? Courir vers elle en lui sortant un "Mélissa, la voie est libre, Cherry m'a "quitté" alors on peut enfin être ensemble !" ? Tu rêves. Tu t'es crée un monde bien trop rose qui ne ressemble en rien à la réalité. Très sincèrement, je te déteste. Et ne compte pas sur moi pour te pardonner un jour.

Il s'apprêtait à partir mais revint sur ses pas.

-Et ne dis pas que tu m'aurais choisi si tu avais pu, je déteste les mensonges.

Il décida alors de rester encore quelques instants, rien que pour écouter ce qu'elle avait à lui répondre. Prendre la fuite maintenant aurait été bien trop lâche.

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Qu’avait-elle fait ? Cherry perdait peu à peu ses repères, au fil de la conversation. Tout lui semblait s’écouler lentement, et chaque nanoseconde entre chaque mot de Mattews lui était infiniment longue et insupportable. Oui ? Qu’avait-elle fait ? Elle avait le sentiment d’avoir trahi un ami, mais au fond, elle savait que Moutmout était bien plus qu’un simple ami. Même en cherchant toute sa vie, jamais elle ne trouverait quelqu’un qui l’égalerait. Il avait toujours été sincère, et Cherry avait pensé l’être aussi. Mes ses sentiments avaient étés tellement confus tout ce temps, et maintenant elle savait tout. Ou elle pensait tout savoir. Elle préférait Mattews à David, et aurait voulu l’aimer lui de tout son cœur, de la même façon qu’elle aimait le médecin, mais ça lui était impossible. Mattews ne l’avait jamais déçue ni fait souffrir et maintenant, elle voyait bien qu’il avait le cœur brisé… Mon dieu, qu’avait-elle fait ?


Les mots de Moutmout étaient pareil à des coups de poignard aux yeux de la brune. A chaque phrase, il lui semblait qu’il s’éloignait un peu plus d’elle. Et elle était suffisamment lucide pour comprendre parfaitement qu’à la fin de cette « dispute », il serait trop loin pour qu’elle puisse ne serait-ce que le voir. Peut-être qu’il ne la pardonnerait jamais. Mais Cherry l’aimait trop pour imaginer une chose pareil. Vivre sans lui lui paraissait tellement invraisemblable. Il avait été là pour la sauver, pour la soutenir. Il avait rendu ses journées plus drôles et plus belles. Il avait rendue sa vie encore plus belle, et sans lui, tout serait vide, dénué de sens. Certes il y avait David. Et Cherry savait qu’elle n’aimait que lui. Mais Moutmout n’était pas qu’une simple personne. Si il n’était plus là, elle serait dépaysagée et complètement perdue.

Malgré la rapidité des mouvements de Mattews, Cherry eut l’impression que ses mains se détachèrent lentement et gracieusement des siennes. Son sang se glaça et un frisson parcourut son corps tout entier.

-Arrête, arrête de me sortir des excuses que tu ne penses pas.

Cherry comprit à cet instant, que tout ce qu’elle dirait n’aurait aucun impact sur Mattews. Elle aurait beau lui jurer qu’elle pensait ses excuses plus que tout au monde, cela ne vaudrait rien, il ne le croirait pas, il ne la croirait plus. Il avait perdu toute confiance en elle désormais. C’était fini.

Elle lui en voulut de la blesser autant, mais ne s’énerva pas, car elle n’osait qu’imaginer à moitié ce qu’elle lui faisait. Elle sentait son cœur se briser directement sous ses yeux, et le sien suivait la cadence. Une fois de plus par sa faute. Elle devait sérieusement songer à se pendre dans les jours qui suivaient.

Cherry écouta le discours sur ladite Mélissa sans broncher, avec un calme déconcertant. Les larmes lui montèrent à nouveau aux joues. Il ne la pardonnerait jamais. Il y avait une autre fille. Il la prenait pour une menteuse, une égoïste, une afreuse fille. Et c’était ce qu’elle était. C’était la dernière fois qu’elle lui avait parlé tendrement, la dernière fois qu’elle lui prenait les mains, la dernière fois qu’il l’aimerait tendrement sans s’en vouloir. Désormais, il lutterait contre l’amour qui les unissait. Cherry vivait cette séparation comme un arrachement, mais elle savait qu’en arrachant, elle se blesserait non seulement elle, mais aussi Mattews. Hors, il fallait réduire les dégats déjà suffisament conséquents comme ça pour qu’il ait un temps de répit.

Lentement, Cherry avança à nouveau vers Moutmout qui s’était reculé. Il lui semblait désormais qu’elle n’était qu’un spectre sans vie. Elle aurait pu faire des tas de choses là tout de suite. Des choses intelligentes. Pourtant, elle choisit de rester elle-même. Stupide et maladroite. Aimée et détestable.

« Aurevoir, Mattews Anderson. »

Ses mains s’avancèrent sur les joues du garçon, et doucement elle déposa un baiser sur ses lèvres. Sans lui laisser vraiment le choix, elle se plongea contre son torse une dernière fois, pour laisser son délicieux parfum ancré dans ses narines et son esprit. Il n’allait pas tarder à la repousser. Et cette fois, elle ne reviendrait plus. C’était juré.

[♥]

Après avoir lâché des mots d'une froideur et d'une dureté incomparables, étonament, Mattews ne regretta aucun de ces gestes. Il était parfois trop sensible, et il en avait conscience. Seulement, à ses yeux, ce qu'avait fait Cherry était juste impardonnable. Réaction totallement puérile ? Sans doute. Peut-être aurait-il dû vivre leur "rupture" comme quelque chose de banale, et ne pas chercher à ramener sa bien aimée auprès de lui. Seulement, cette solution aurait été valable si l'être qu'il avait en face de lui était banal. Mais Cherry Williams était tout, sauf quelqu'un qui se fondait dans la masse que formait la population. Elle savait faire du jeune homme ce qu'elle voulait, elle pouvait lui faire prendre un véritable ascenseur émotif. En quelques secondes seulement, le footballeur pouvait passer d'une amour que personne n'aurait pu briser à une haine indescriptible. Et elle seule savait prendre ainsi contrôle de lui. Parfois, il regrettait de s'être autant donné à elle. Parce qu'il ne pouvait pas cacher que malgrè cette façon qu'il avait désormais de la détester, elle était son âme soeur, sa moitié.

Que devait-il faire à présent ? Il avait trouvé la force de lui débiter des mots incroyablement douloureux, trouverait-il encore la force de partir, à présent ? Il était bon qu'il se remette en question, qu'il repense encore une fois à tout cela. Pour lui, tout était de la faute de Cherry, mais était-ce la vérité ? Si elle partait de cette manière, n'était-ce pas également de SA faute ? Depuis le début de leur dispute, il n'avait pas hésité à faire remarquer à l'écrivain combien elle avait tort, combien elle était horrible de lui briser le coeur. Mais n'était-ce pas lui, qui aurait du trouver le courage de s'en aller pour que personne ne souffre plus de cette relation qui était tout, sauf saine ?

Dès l'instant où elle prononça les dots mots fatidiques, cet au revoir qui fut le plus douloureux qu'il avait connu jusque maintenant, il se sentit mal à l'aise. Toute cette haine pourtant jusqu'à présent si immense s'évapora et serra son coeur. Et lorsque la jeune fille s'approcha de lui, plaçant ses mains sur ses joues, déposant un ultime baiser sur ses lèvres, il ne put se contraindre à la repousser. Il aurait dû retrouver la dureté dont il s'était emparé encore quelques minutes aupparavant, il aurait dû se résoudre à être ferme et à lui faire comprendre qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle, mais la voir pleurer encore et encore le déchira. Alors, au lieu d'être une nouvelle fois abominable avec elle, il ressera leur étreinte, pour leur adieu. Il savait qu'après ce geste affectif, il ne la reverrait peut-être plus. Cette pensée eut l'effet d'un acide que quelqu'un aurait placé sur son coeur, le brûlant à petit feu. Mais il n'avait pas d'autre choix que d'accepter cette situation, et il en avait conscience. Il savait très bien que dans quelques minutes, chacun prendrait un chemin différent. Se retrouveraient-ils un jour sur la même route, sans obstacles pour les faire tomber ? Seul le temps leur apporterait une réponse.

Il trouva alors le courage de reculer, et amena à son tour ses mains au visage de la jeune fille. Il essuya doucement les larmes qui coulaient encore sur ses joues, et plongea son regard dans le siens. Après quelques minutes de silence, il se décida à prendre la parole, parlant d'une voix douce, mais ferme. Dans un sourire forcé, il prononça les mots qui seraient sans doute les derniers qu'elle entendrait de sa part.

-C'est sans doute mieux ainsi. Au revoir, Cherry.

Sur ce, il avança vers la porte de la salle des objets. Posant sa main sur la clanche, il ne se retourna pas, et dans un soupir, partit.

(End xD On en refait un? ♥)